La journée avait été morose. En fait, cela faisait plusieurs jours que le Clan entier flottait dans une morosité tenace et brumeuse. Comme si chacun d'entre eux vivait un cauchemar et attendait seulement de se réveiller en sursaut. La Reine Kuzali était morte, et sa lumière semblait avoir disparu de son Royaume, malgré le soleil de la saison sèche qui brillait, haut et fort.
J'avais été particulièrement touché par la nouvelle. Je ne connaissais pas notre Reine personnellement, mais l'image de force courageuse et de tolérance bienveillante qu'elle dégageait lui avait toujours plu. Mais plus encore, c'était à sa famille qu'il avait songé, et à leur malheur. C'était Sadaka, le fils aîné de Kuzali qui avait apporté la nouvelle, et je n'avais pu qu'imaginer la peine qu'ils avaient tous ressenti. Si c'était à moi que cela arrivait et que maman... Je ne pus aller au bout de ma pensée. Même si j'étais adulte, et assez lucide pour savoir qu'elle ne vivrait pas éternellement, penser à cette éventualité me fichait le frisson.
Je m'ébrouais pour en chasser les dernières sensations et me mit en marche. Il y avait quelqu'un que je tenais particulièrement à voir.
Je croisais d'abord Tahora sur le chemin, et passait quelques temps à discuter avec ma meilleure amie qui semblait avoir besoin d'une oreille attentive. Cela lui passa aussi vite que ça lui était venu et elle repartit s'entrainer à la chasse. La pile électrique qui alimentait sans cesse Tahora m'avait toujours sidéré. Toutefois, je déclinai son invitation à la suivre et après une lèche sur la joue la laissai à ses activités.
J'aperçus Sayidi avec quelques autres jeunes et l'observai juste assez longtemps pour m'assurer qu'il n'était pas en difficulté. Certes, je n'étais pas sûr qu'intervenir, dans le cas contraire, aurait été en faveur de mon protégé, mais je n'auraiw pas pu rester là, pattes croisées, alors que le jeune lion vivait ce que j'avais vécu moi aussi dans mon enfance...
Je le laissai donc s'amuser et en profitai pour passer voir rapidement ma mère, pendant que les trois diables et l'autre incapables s'en était éloignés. Ma visite sembla la remplir de joie, et pour la énième fois depuis la naissance des petits, je regrettai nos moments ensembles. Je regrettai de ne plus l'avoir entièrement pour moi. Cependant, avec la nouvelle qui les avait atteint dernière, j'étais bien plus enclin à partager, refusant de perdre du temps avec elle. S'il fallait supporter l'abruti qui lui servait de compagnon, et ses insupportables de fils, pour pouvoir profiter d'un peu de temps avec maman, je pouvais très certainement le faire. Surement pas avec la gueule fermée, mais il ne fallait pas trop m'en demander non plus.
Finalement j'atteignis ma destination. J'étais passé par les alentours du Rocher, l'étang et le bord des gorges, sans y trouver la personne que je cherchais à l'origine. Il était trop tard -et probablement inutile- de silloner la savane, alors il ne me restait qu'une option : la Colline du Peponi. Et elle était là.
Je souris doucement à sa vue, et m'approchai lentement, hésitant à la déranger. Je savais, de par nos conversations précédentes que cet endroit importait beaucoup aux membres de sa famille, et je ne voulais pas interrompre son receuillement. Toutefois, je n'avais fais aucun effort de discrétion pour ne pas la suprendre et elle ne tarda donc pas à se retourner puis avancer vers moi. Elle tenta un sourire, bien plus réussi que je n'aurais pu le faire si j'avais été dans sa situation et me salua.
Oh Awena...Je m'avançai de quelques foulées pour l'étreindre, glissant mon encolure contre la sienne.
Je suis tellement désolé, chuhotai-je.
J'étais impressionné par la force de caractère de mon amie d'enfance. J'aurais aimé aller la voir plus tôt lorsque j'avais appris la nouvelle, mais j'avais préféré la laisser en compagnie de sa fratrie et de son père, puis lui laisser un peu de temps pour commencer son deuil. Pourtant, je l'avais vu se balader au travers de son peuple, distribuant des sourires, montrant un pelage doré comme héritage de celui que le Royaume avait perdu. A sa place, je n'aurais surement même pas été capable de me lever pour manger...
Je m'écartai doucement pour la laisser respirer -oui, avec ma crinière particulièrement épaisse et fournie, je ne voulais pas risquer de l'étouffer dans un calin trop prolongé- et lui adressai un sourire doux et affectueux. Je ne voulais pas lui demander comment elle allait, après tout qu'aurait-elle pu répondre...? Aussi choisis-je une autre approche, essayant de la distraire.
J'ai vu Sayidi avec d'autres jeunes en te cherchant, je crois qu'il commence à s'intégrer.Je souris, pas peu fier des progrés de mon protégé. Cela faisait maintenant 6 mois que j'avais trouvé Sayidi aux frontières de Prideland après son effroyable rencontre avec son père, et que maman l'avait adopté. Je l'avais pris en charge et avait été très surpris du contentement que cela m'avait apporté.
Awena avait l'une des premières que j'avais mis au courant, et à qui j'avais présenté Sayidi par la suite. Je savais que mon amie ne me jugeait pas, et j'avais une facilité déconcertante à lui parler de tout et de rien, que cela soit très important ou non. Et à cet instant, j'avais dans l'idée que de parler de choses futiles ou simples lui ferait du bien...
- HRP:
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Non ne t'inquiète pas c'était parfait ! Je me suis un peu emballée pour la mise en place mais j'essayerai de faire plus court par la suite ahah ! J'espère que ça te va, et n'hésite pas à me MP s'il faut changer quoique ce soit ♪